Arcanes mineures : Les Quatre
Les 4 représentent la stabilité, la perfection, la construction et la durabilité. C’est un chiffre d’organisation, de rigueur, de contrôle, de maturité. Dans leurs mauvais aspects, ils sont conservateurs à l’excès, autoritaires, dominants, stagnants et rigides.
Je vous propose une analyse rapide des arcanes du tarot à travers les decks de ma collection, afin de dresser un tableau plus complet de chaque carte selon ma perception de celles-ci.
Decks présentés, dans l’ordre : Seventh Sphere Tarot, Movie Tarot, Néo Tarot, Modern Witch Tarot, Tarot de la Fortune, Tarot Thoth, Tarot of the Spirit, Tarot of the Divine, Tarot del fuego, Starman Tarot, Tarot de Bruegel, Tarot de Bosch, Tarot de la conscience, She Wolfe Tarot, Serpentfire Tarot
Le Seventh Sphere Tarot et le Movie Tarot (les deux cartes placées en première position) sont basés sur le Tarot de Marseille, ce qui les rend moins intéressants à analyser visuellement concernant les arcanes mineures (sauf pour les As et les figures de cour). Je les montre quand même pour représenter cette tradition et parce que ça reste de beaux jeux !
Dans le Néo Tarot et le Modern Witch Tarot, on voit une personne allongée dans son lit, surmontée par des épées, pointes tournées vers le corps, la personne se cache le visage (ou les oreilles), dans une position de déni et de fermeture. Il y a un côté menaçant, oppressant, la personne n’a clairement pas envie de se lever, elle a probablement besoin de beaucoup de repos et du mal à récupérer. Dans le Modern Witch Tarot, il fait beau dehors mais la personne reste enfermée (on reste campé’e sur ses positions même quand on peut voir d’autres choses plus pertinentes).
Dans le Tarot de la Fortune, qui suit de près l’imagerie du Rider-Waite-Smith, on a une personne en armure allongée sur un tombeau, dans une position de prière (avec le vitrail au mur, on est dans la rédemption). Il y a l’idée de laisser mourir quelque chose (des idées ici, qui ont fait leur temps), d’arrêter de s’acharner car ça peut se retourner contre soi (les épées pointées, le soldat au repos). C’est une carte de rigueur, de tradition, de sacré.
Le Tarot Thoth nomme cette carte « Trêve », elle est influencée par Jupiter en Balance. 4 épées se rejoignent au centre, sans se croiser, elles sont « encadrées », donc on reste dans les règles, les lois, le besoin de justice et de rigueur. Au milieu, une fleur qui s’épanouit, qui apporte un côté plus doux, le besoin de se laisser du temps pour réfléchir, trancher.
Le Tarot of the Spirit nomme la carte « Mastery », on peut y voir 4 papillons dans des cases, comme si on avait du mal à se laisser aller pleinement à la beauté, l’originalité, l’épanouissement, qu’on se donnait du mal pour suivre des normes qui ne nous conviennent plus, qui deviennent trop étriquées. L’arc-en-ciel invite à prendre de la hauteur, à aller au-delà, à sortir de la zone de confort (cocon) pour devenir un papillon unique.
Le Tarot of the Divine représente Fenrir (mythologie nordique) ligoté, les yeux exorbités, la mâchoire tranchée par une demi-épée, pour éviter qu’il n’accomplisse la prophétie où il cause la fin du monde (Ragnarök). On a donc du répit sur l’oppression, la menace, la peur, les angoisses, mais c’est temporaire : il va falloir affronter à un moment donné, même si ça laisse du temps pour réfléchir et s’organiser.
Dans le Tarot del fuego, on a une main à 4 doigts aux phalanges tranchées par 4 épées, chaque phalange ainsi que la paume contient un oeil ouvert : on peut y voir la difficulté à concilier les points de vue, chaque partie veut avoir raison et entre en conflit, en séparation.
Le Starman Tarot montre une personne en posture de méditation, avec une épée tenue par la pointe (non-violence) dans chaque main, une épée qui transperce la tête (les dogmes inculquées, les programmations erronées, les croyances limitantes), et une épée offerte devant les pieds (l’envie d’ouverture). On s’ancre, on se stabilise, on se recentre, on fait le bilan, on conscientise, on se concentre.
Sur la carte du Tarot de Bruegel, une femme porte un enfant et un lapin sur sur giron, elle dépend de son mari pour s’occuper du terrain, des travaux, mais ce dernier a les pieds coupés : ils sont donc bloqués, avec trop de charge pour une seule personne. Le dicton ici signifie « Il n’est pas sage de se fier à une seule chose », c’est-à-dire qu’il vaut mieux multiplier les ressources, ne pas se cantonner à sa propre perspective, on ne peut pas s’en sortir seul’e, il faut accepter l’aide extérieure.
Dans le Tarot de Bosch, un individu a un genou à terre (en posture de soumission ou parce qu’il est fatigué, il ne peut pas aller plus loin) et tient d’une main 3 épées par les lames, comme pour tordre le cou à certaines idées – de l’autre main il tient une épée par le manche, et porte un coup aux 3 autres : son avis prime sur le reste, il se défendra jusqu’au bout, même à terre.
Dans le Tarot de la conscience, je vois une personne à tête de lion (ego, puissance, obstination, envie de briller), qui tente d’avancer mais qui est bloquée par ce qui semble être une personne qui le transperce d’une épée dans le bas-ventre (la fierté). Quelque chose dit stop ici, ça va trop loin juste pour s’autocongratuler.
Le She Wolfe Tarot montre une femme qui pleure en haut d’un grand rocher (besoin de stabilité mais manque de réalisme parce que les pieds ne touchent pas terre), avec Jupiter en croissant qui forme une chape au-dessus d’elle (forme d’enfermement, besoin de rester dans son cocon, difficulté à se lancer).
Le Serpentfire Tarot montre une femme qui lève les bras vers la Lune : les émotions peuvent obscurcir le jugement. 3 silhouettes se découpent, presque invisibles, au fond, qui peuvent représenter le poids du jugement de la famille, de la société, ou qu’on s’impose à soi-même. La femme commence à sortir de l’ombre, et cherche à s’élever, commence à penser par elle-même petit à petit.
Dans les tarots basés sur le Rider-Waite-Smith, il y a une personne assise en tailleur, les bras croisés, qui se voit offrir une coupe (opportunité) par une main jaillissant « de nulle part ». La personne a déjà 3 coupes devant elle, et ne semble pas être intéressée par la nouvelle coupe. Il y a un côté boudeur, insatisfait, renfermé. Peut-être que les besoins sont déjà comblés et qu’on ne recherche pas davantage, on n’a pas le goût de la nouveauté.
Le Tarot Thot nomme cette carte « Luxe », avec l’influence de la Lune en Cancer. Il y a profusion et satisfaction, on reçoit beaucoup, mais on a aussi envie de toujours plus, même si on sent aussi que les bonnes choses ont une fin (ce qui peut gâcher le plaisir).
Dans le Tarot of the Spirit, cette carte s’appelle « The Flood ». On a encore cette idée de profusion, on peut même être submergé’e, même si on est dans le contentement, le plaisir. Mais ça évolue en cercle fermé sur la carte, donc ça n’évolue pas, ça stagne.
Le Tarot of the Divine fait référence au conte de Hans Christian Andersen : « Le Rossignol et l’Empereur de Chine », où l’Empereur demande qu’on lui rapporte l’oiseau dont on lui a tant fait les louanges, qui chante dans les forêts proches de son palace. Plutôt que de profiter de la forêt, il reste enfermé, et l’oiseau l’est donc aussi. Notre propre bonheur dépend de ce que les autres peuvent nous apporter.
Le Tarot del fuego montre une forteresse qui prend toute la carte (opulence, grandeur, luxe matériel). Les Coupes (sentiments/émotions) sont protégées, l’intérieur est abondant, fertile. Deux Soleils brillent au loin, cachés par des nuages (l’extérieur peut faire peur), mais pourquoi aller ailleurs quand on a déjà tout ce dont on a besoin ?
Dans le Starman Tarot, on a un personnage qui se complait dans son mal-être, qui refuse de voir ce qui se passe autour de lui, et dont les coupes sont toutes renversées, n’apportent que poisse. Rien n’est satisfaisant, les opportunités (les mains) représentent trop de sacrifices (doigts coupés), même si elles pourraient mener à plus de bonheur (les coeurs qui en sortent).
Le Tarot de Bruegel dit : « Les montagnes sont immobiles et les personnes changent : certaines choses ne peuvent pas être changées, il faut donc savoir s’adapter ». Et sur la banderole : « Vires acquirit eundo » (Elle acquiert des forces dans sa course), avec 3 personnages qui remplissent leur coupe et se restaurent d’une miche de pain, pour prendre des forces pour l’hiver. Ce n’est pas l’abondance, on se contente de peu, sans se plaindre.
Le Tarot de Bosch montre une île avec une longue structure (formée de carapace et de coupes qui se referment l’une l’autre : il n’y a pas d’ouverture possible, on se barricade, on cherche même un peu à effrayer l’autre (les queues piquantes), pour rester dans l’entre-soi.
Dans le Tarot de la conscience, cette carte est le « Seigneur du Plaisir », on peut y voir une femme bien apprêtée, qui semble danser en farandole avec d’autres personnes (hors carte), on se fait plaisir à plusieurs, on peut sortir d’un petit cercle fermé pour rencontrer de nouvelles personnes.
Le She Wolfe Tarot montre une personne en tailleur en plein désert, qui médite, prend le temps d’être dans la reconnaissance et la gratitude de ce qui est (son environnement immédiat sous la forme d’un tissu rouge). Une labradorite blanche apparaît sur la carte qui aide à s’équilibrer, se stabiliser, mais aussi se protéger un peu du monde extérieur.
Le Serpentfire Tarot déploie un paysage aride, vide, nu, traversé par un fleuve, qui apporte l’abondance, la vie, la fertilité. On a peut-être réussi à s’épanouir en partant de rien, et on a envie d’en profiter avant de continuer sa route.
Dans les tarots basés sur le Rider-Waite-Smith, on peut souvent voir les 4 longs bâtons plantés dans le sol, reliés par une guirlande de végétaux, sous lesquels passent deux personnes qui semblent célébrer quelque chose : on est dans l’abondance, la récolte, la réjouissance, l’union. Une ville en fond indique une certaine stabilité, un cocon. Ici on fait les choses ensemble, et on se projette dans l’avenir. Le Starman Tarot (dernière carte de la 2ème ligne) reprend cette idée aussi.
Dans le Tarot de la Fortune, on peut voir une personne qui se tient sous un abri monté sur 4 bâtons, joliment décoré de motifs végétaux, ça pourrait être un kiosque pour une fête. La personne tient un outil et donne des instructions, il y a de l’écoute, un projet constructif, du travail d’équipe, de la consolidation. Les arbustes sont pleins de fruits, le terrain est fertile, prospère.
Le Tarot Thoth nomme cette carte « Achèvement », avec Vénus en Bélier. Chaque bâton, qui forme une roue, est terminé d’un côté par un Bélier et de l’autre par un oiseau : on relie la Terre au Ciel, donc on construit pour s’élever, et on peut penser qu’on respecte l’environnement car tout est interdépendant, connecté. Avec le Soleil au centre, la réussite est assurée.
Avec le Tarot of the Spirit, les choses sont plus carrées, on réfléchit dans les normes, on construit dans les règles, on a du mal peut-être à lâcher la bride à sa créativité, même s’il y a de bonnes idées qui surgissent en marge.
Le Tarot of the Divine nous plonge dans le Mahabharata (épopée sanskrite), avec Mohini, avatar de Krishna, et Aravan, un grand guerrier. Ce dernier se sacrifie à Kali pour assurer la victoire d’une grande bataille, et demande à se marier avant de mourir (pour être incinéré – Feu – plutôt qu’enterré, selon les rites traditionnels). On a ici la force du Feu dans toute sa splendeur, avec toute la gravité, le sens du devoir du 4, pour assurer la sécurité.
Dans le Tarot del fuego, 4 bâtons assurent un feu resplendissant (lumière, chaleur, nourriture, repousser l’ennemi) qui permet à l’écosystème derrière lui de s’épanouir en toute sécurité. Les yeux assurent une vision d’avenir, permettent de savoir ce qu’on fait.
Le Tarot de Bruegel dit : « L’ami fidèle se reconnaît dans l’incertitude ». On peut y voir un personnage en train de tomber d’une échelle, retenu par un bâton par son ami, derrière qui se tient un miroir : on se reflète dans l’autre, on ne fait pas à l’autre ce qu’on ne voudrait pas qu’on nous fasse. Deux femmes partagent à manger, après avoir travaillé ensemble. On se repose pour contempler ce qu’on a fait.
Le Tarot de Bosch montre un individu qui tient trois bâtons dans ses bras, prêt à feuler sur quiconque approche de son petit coin de paradis, pour protéger les animaux qui s’y repaissent. Un bâton est au sol, qu’il assure avec son pied, avec une extrémité sur la Terre verte, fertile, et une extrémité dans un cercle qui ressemble à un ciel étoilé : on relie encore une fois la Terre au Ciel.
Dans le Tarot de la conscience, cette carte se nomme « Seigneur du Travail Accompli », on peut y voir une personne qui avance, qui a des choses à offrir (mains tendues vers l’extérieur), son visage est souriant, elle est confiante quant à ce qui l’attend.
Le She Wolfe Tarot montre 3 personnes assises qui lèvent leurs bras vers le ciel, vers un Soleil qui forme un labyrinthe (voyage qui demande de la concentration et de la détermination), mais les ailes qui en dépassent montre que c’est la seule façon de s’élever ici. On nous demande de nous lever et de nous prendre en main.
Le Serpentfire Tarot montre une femme debout sur une montagne de cristaux (solidité, pérennité, stabilité, émerveillement), qui regarde vers l’avenir. Il y a de la beauté dans le travail, de la passion : on peut suivre sa vocation, surtout avec Vénus en Bélier.
Dans les tarots basés sur le Rider-Waite-Smith, on peut voir une personne assise sur un bloc / trône, avec un Denier sous chaque pied, un sur la tête, et un tenu dans les mains devant le ventre. La personne protège ses biens, défend son territoire, ne lâche rien, et ne peut probablement pas beaucoup bouger si elle veut avoir le contrôle. On a donc du confort, de la sécurité, mais aussi de la stagnation.
Dans le Tarot de la Fortune, l’idée est un peu la même : deux mains géantes protègent une forteresse où un trésor a été amassé (fruit du labeur, patrimoine familial, luxe, prospérité). Les arbres fournis assurent une abondance sur le long terme. Les mains sont surmontées d’une couronne rayonnante : on peut servir de pilier, de phare, on sait ce qu’on fait et on assure la gestion d’une main de maître.
On retrouve une forteresse dans le Tarot Thoth, vue du dessus : tout dans l’image est carré, encadré, entouré donc protégé. Les 4 éléments y figurent, on est dans la stabilité et l’équilibre des forces, tout est harmonieux. Le Soleil est en Capricorne, on assure ses arrières et on travaille pour gérer le quotidien avec une grande maîtrise (la carte s’intitule ici « Puissance »).
Le Tarot of the Spirit nomme cette carte « Power », on peut y voir une porte un peu austère, avec une serrure en son centre, alignée sur une série de 4 pentacles, qui peuvent former autant de serrures pour protéger ses biens, son chez-soi. Le Soleil forme ici un judas : c’est parce qu’on voit venir de loin qu’on réussit aussi bien à gérer.
Le Tarot of the Divine fait référence à un conte péruvien, où un vautour use de ruse pour emporter avec lui une jeune fille dont il est tombé amoureux, et lui impose son mode de vie (qui bien sûr, ne convient pas à une humaine). On est prêt’e à tout pour avoir ce qu’on convoite, et on ne se soucie pas de savoir si c’est juste, du moment qu’on peut avoir satisfaction et un total contrôle sur son environnement, les personnes qu’on côtoie.
Dans le Starman Tarot, il est question d’influence, de manipulation, avec cet individu qui ne montre pas son vrai visage et qui a le contrôle sur des têtes coupées (leurs pensées ne sont pas alignées avec leur être). La personne est entourée d’une chaîne ADN, stimulée par un éclair : on peut donner vie à ses projets, mais sans forcément se soucier des conséquences.
Le Tarot de Bruegel dit : « L’homme sage est constant comme le soleil, le sot est variable comme la Lune ». Au premier plan, des hommes en pleine transaction financière, les affaires marchent, même si les négociations sont dures (le marteau s’est cassé sur l’enclume). Au second plan, un homme se noie dans ses émotions et n’a rien pour se sustenter.
Le Tarot de Bosch montre un personnage qui s’avance, tenant un arc et une flèche qui transperce 4 deniers : il a amassé un pécule avec ses propres compétences, il les économise jusqu’à en avoir besoin sur son chemin, si l’occasion ne se présente plus.
Dans le Tarot de la conscience, cette carte s’appelle « Seigneur du Pouvoir Financier », on peut y voir une personne campée droitement sur ses pieds, avec l’air de quelqu’un à qui on ne raconte pas d’histoire et qui ne se laissera pas faire, qui vend ou achète quelque chose à un comptoir, ou encore finance un projet, apporte son aide.
Le She Wolfe Tarot montre une femme (reflétée à la verticale) en position du lotus, qui médite, avec deux têtes de faucon (soit 4 au final, qui permettent de voir de tous les côtés ce qui se passe, et de prendre de la hauteur, du recul). Les têtes se découpent sur le Soleil d’un côté, Saturne de l’autre (réussite, accomplissement durable, stabilité, persévérance).
Dans le Serpentfire Tarot, une femme se tient en haut de pics montagneux (pilier, solidité, ascension, efforts), avec un arc et une flèche en main, prêts à servir. Derrière elle, deux rochers en lévitation sur lesquels sont construits des châteaux. On défend son territoire, on peut être avare et ne pas vouloir partager avec les autres (ses biens, son savoir, ses compétences).